Toutes ces recommandations à propos des macro et des micronutriments sont importantes mais bien difficiles à suivre. Quelles peuvent donc être les conséquences sur la mère et son enfant à naître d’une sous-alimentation ou d’une sur-alimentation durant la grossesse ?
Mais bien plus important, que peut-il arriver si une femme enceinte ne fait pas attention à ce qu’elle consomme ? En plus d’une alimentation inadéquate, le tabac, l’alcool ainsi que la caféine sont des préoccupations durant les périodes de gestation et d’allaitement.
Sous-alimentation
La réaction de l’enfant à naître à la sous-alimentation maternelle se traduit par la consommation catabolique des substrats (molécule sur laquelle un enzyme agit pour créer un environnement) pour fournir de l’énergie. Si l’insuffisance alimentaire est prolongée, le fœtus adapte son taux métabolique et modifie la production d’hormones et la sensibilité des tissus à celles-ci. De plus, le fœtus stock des nutriments sous forme de graisse dans la perspective d’un régime postnatal pauvre. La diminution des exigences en substrats et la baisse du taux métabolique ralentissent le développement et peuvent aboutir à un poids à la naissance bien trop bas pour être idéal.
Par ailleurs, les conséquences d’une sous-alimentation sur l’enfant à naître supportent l’hypothèse du phénotype d’épargne, qui évoque l’importance de l’environnement intra-utérin et ses répercussions (maladies chroniques) sur la santé adulte. En effet, l’adaptation du fœtus altère de façon permanente le métabolisme du glucose et de l’insuline ; par exemple : des problèmes pourraient survenir si un fœtus alimenté inadéquatement nait dans un environnement nutritif adéquat voir trop riche.
Pour soutenir l’hypothèse, une étude effectuée durant les années 90 sur des hommes de 64 ans, a démontré qu’une tolérance au glucose spécialement mauvaise a été observée chez des individus né avec un poids très bas et qui sont, par la suite, devenu obèses.
Sur-alimentation
L’obésité maternelle peut affecter autant la mère que l’enfant. Les risques pour la mère comprennent des maladies cardiovasculaires, le diabète de type deux et l’hypertension (en résumé, toutes les maladies communément associée à l’obésité). Ensuite, les enfants ont un plus grand risque de devenir obèses ainsi que de souffrir de maladies cardiovasculaires et de diabète de type deux durant leur vie adulte.
Chez une femme enceinte qui est sujette au diabète, a déjà souffert de diabète gestationel (durant une précédente grossesse), ou encore a des antécédents familiaux de diabète, de glycosurie (présence de sucre dans l’urine causée par un taux de sucre dans le sang trop important) ou d’obésité, en plus d’augmenter les risques de diabète chez l’enfant, ces facteurs peuvent endommager le développement du fœtus (défauts de naissance, mort-né, prématurité, macrosomie fœtale, hypoglycémie néonatale…). Cependant, toutes ces complications peuvent être évitées par un régime équilibré entre macros et micronutriments, de l’exercice et un suivi médical.
Tabac
En plus d’une inadéquate ou excessive prise de poids durant la grossesse, le tabac est aussi un facteur de risque. Vous avez probablement déjà entendu dans les campagnes médicales de prévention que les femmes doivent arrêter de fumer dans la perspective de procréer, mais pourquoi ?
Il a été scientifiquement établit que l’exposition à la fumée de tabac durant la grossesse affecte la santé respiratoire de l’enfant en freinant le développement des poumons et en augmentant les risques d’infections et de symptômes respiratoires entrainant des effets à long terme sur la santé respiratoire de l’enfant. Le tabagisme maternel durant la grossesse expose le fœtus à des substances carcinogènes et à d’autres toxines qui se métabolisent en composés plus actifs, qui sont parmi les plus importants précurseurs du symptôme de la respiration sifflante et de l’asthme. Plusieurs études ont démontré que 5% à 15% des cas d’asthme infantile pourraient être prévenus en éliminant l’exposition au tabagisme maternelle durant la grossesse.
Par ailleurs, des recherches suggèrent que la nicotine ainsi que d’autres substances toxiques produites par le tabagisme maternel peuvent prédisposer le cerveau fœtal à une addiction à la nicotine durant une période critique de son développement. La nicotine comme d’autres substances addictives, peut altérer l’expression de certains gènes et provoquer des changements fonctionnels et structurels dans les neurones dopaminergiques (neurotransmetteurs impliqués dans le système nerveux central et précurseurs de l’adrénaline et la noradrénaline), un effet qui peut avoir un impact particulièrement profond sur le développement du cerveau.
Suivant la dose absorbée, le tabagisme est associé à une augmentation des risques d’accouchements prématurés. Il a été observé dans un groupe de femme ayant passé de non-fumeur à fumeur après une grossesse et un accouchement à terme, une augmentation des accouchements prématurés lors d’une deuxième grossesse. A l’inverse, un changement de fumeur à non fumeur peut réduire les risques dans la perspective d’un accouchement futur.
L’apparition des complications liées au tabagisme est probablement proportionnelle avec la quantité de cigarettes fumées quotidiennement. Cependant, le tabagisme demeure un facteur de risque important durant la grossesse et principalement sur l’enfant à naître, pour qui les chances de disposer d’un corps sain durant sa vie futur sont altérées.
Alcool
Les accouchements prématurés peuvent aussi être associés à la consommation d’alcool. Une étude a démontré qu’au-delà de sept verres d’alcool (peu importe le type d’alcool) par semaine, les risques d’un accouchement prématuré pouvaient légèrement augmenter. Bien sûr, il n’y a pas de quantité, de sorte ou de moment qui puisse être acceptable et sans danger pour la consommation d’alcool durant la grossesse.
La possibilité des effets directs de l’alcool sur le développement fœtal est une hypothèse légitime. Une étude a prouvé que l’exposition prénatale à l’alcool peut entrainer un syndrome d’alcoolisme fœtal résultant par de l’hyperactivité, des déficits cognitifs et une augmentation de plusieurs troubles psychologiques chez le fœtus. Les risques génétiques du TDAH (trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité) n’ont que peu d’importance si les variables environnementales (alcool et autres substances addictives), qui sont des facteurs d’interaction, ne sont pas prises en compte. La même étude fournit la preuve que la variation génétique DAT1 (protéine transmembranaire impliquée dans les troubles de l’hyperactivité) est grandement interférée par l’effet de la consommation d’alcool durant la grossesse.
Caféine
Moins soupçonnée mais non moins dangereuse, la caféine est une autre substance consommée quotidiennement que la femme enceinte devrait limiter voir retirer de son alimentation. La caféine est rapidement absorbée par le système digestif et traverse librement le placenta. Donc, elle interfère directement avec le développement du fœtus. De plus, en comparaison avec des femmes menstruées, la caféine est métabolisée beaucoup plus lentement durant la grossesse.
Une mère qui boit du café a deux fois plus de risques de donner naissance à un enfant de poids inférieur à la normale en comparaison à celle qui ne boit pas de café. L’association entre la caféine et le retard de la croissance intra-utérine augmente avec la quantité absorbée, avec un risque double pour les consommatrices modérées (150mg à 300mg de caféine par jour) et presque quatre fois plus de risques pour les grandes consommatrices (plus que 300mg de caféine par jour). De plus, si les mêmes grandes consommatrices maintiennent leur consommation, elles ont un plus haut risque d’accouchement prématuré que les femmes qui réduisent leur consommation. Même une dose de 200mg de caféine diminue incontestablement le flux sanguin dans la villosité placentaire. Pour vous donner une idée de la consommation de caféine, il y a 75mg de caféine dans un expresso et 145mg de caféine dans un café. Par conséquent, un café ou deux expressos par jour représentent la limite supérieure pour une femme enceinte qui veut éviter toutes complications durant sa grossesse et son accouchement.
Pour terminer, une autre étude a démontré que l’absorption de caféine pouvait augmenter les risques de fausses couches précoces chez les femmes portant un fœtus au caryotype (arrangement standard de l’ensemble des chromosomes d’une cellule) adéquat.
Pour éviter tous risques, en plus de l’alcool et du tabac, il est préférable de réduire voir d’arrêter la consommation de caféine.
En conclusion, pour maximiser les chances d’une conception réussie, une femme enceinte devrait :
- Manger des produits de qualité de manière équilibrée et en proportion adéquate
- Manger des repas petits et fréquents (snack)
- Boire de l’eau pour deux
- Eviter de jeûner et de sauter des repas
- Eviter de fumer et de fréquenter des environnements enfumés
- Arrêter l’alcool
- Réduire voir cesser la consommation de caféine (le thé vert étant une très bonne alternative au café)
Si les points ci-dessus sont respectés et que l’avis d’un médecin, qui peut évaluer la santé avec précision, est demandé, la gestation et l’expérience postnatale ont de bonne chance de se passer harmonieusement.
Naturellement, un corps sain ne se maintient pas en restant immobile. Bouger et s’entraîner est essentiel et même capital pour une femme enceinte et une femme récemment devenue maman. Donc, restez à l’affut du prochain article qui se penchera sur l’entraînement et les exercices modifiés pour les femmes enceintes.
Références :
1. William’s basic nutrition and diet therapy, by Staci Nix, 14th Edition, 2013
2.Effects of Maternal Smoking during Pregnancy and Environmental Tobacco Smoke on Asthma and Wheezing in Children, by F.D. Gilliland, Y-F Li, J.M. Peters, 2001
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